Le billet de Raymond - Eskelina et Thibault Wolf (première partie)

Le P’tit Bar sous le charme
de la talentueuse Eskelina

     Elle était venue il y a deux ans dans le cadre du Festival Chants d’Elles, et son apparition avait séduit le public par sa fraîcheur, son naturel et son talent naissant. La salle avait adopté d’emblée cette jeune Suédoise pour sa simplicité riche de promesses, la poésie et la sagacité de ses paroles, sa voix agile et déjà conquérante.
     Accompagnée par Nolwen Leizour à la contrebasse, le duo avait à l’époque charmé l’assistance qui n’avait pas boudé son plaisir. Aussi ce dernier week-end des 8 et 9 octobre, ce sont deux salles pleines qui attendaient l’Eskelina Trio.
     En effet, aux côtés des deux talentueuses musiciennes, se trouvait, vendredi et samedi soir, le guitariste Christophe Bastien, auteur compositeur appartenant au groupe Debout sur le Zinc. Et les trois artistes, avec une complicité habitée de distinction, ont su offrir au public deux soirées riches et de bien belle qualité. Pages simples mais où le romantisme s’impose sans rien perdre de son naturel, où les méandres de l’existence jouent avec les provocations innocentes de la vie. Avec un plaisir non dissimulé, la salle a retrouvé avec gourmandise plusieurs chansons du répertoire : « Dans le lit d’Amélie », « Je reviens à la maison ».

     Mettant un point d’honneur à chanter en français, Eskelina ne fit que deux incursions dans sa langue natale révélant au public que, sous des accents parfois rugueux, le suédois renferme une mélodie profonde qui frappe au cœur. Et lorsqu’après plusieurs rappels, seule, accompagnée uniquement de sa guitare, c’est dans un silence quasi religieux que l’auditoire l’écouta avant de lui offrir un final d’applaudissements nourris et répétés.

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Thibault Wolf, un jeune loup à l’appétit prometteur

     Précédant le magistral et harmonieux  Eskelina Trio, un autre groupe musical composé de trois artistes a assuré l’ouverture de ces deux soirées du P’tit Bar. Thibault Wolf, jeune auteur compositeur interprète, présentait pour la première fois dans ce lieu béni du P’tit Bar ses chansons.
     Originaire de la vallée d’Eure, région d’Aubevoye, Thibault a fait, au printemps dernier, une rencontre amoureuse avec la ville de Verneuil-sur-Avre, au point de dormir désormais à l’ombre de sa célèbre tour.
     Longiligne silhouette romantique, intonations à la Jacques Brel, ce guitariste chanteur était entouré de deux musiciens, Philippe Hébrad à la contrebasse, et Patrick Audineau à la batterie. Déjà auteur d’un premier CD de dix titres « Quel est ce  mystère ? », ce néo-Vernolien, qui rêve de scène et fait valoir ses dons réels en cherchant sa voie dans les difficiles escarpements de la chanson française et du blues, vient de réaliser un second clip dans lequel Verneuil et ses richesses chargées d’Histoire lui servent de décor, et le volage papillon lui offrant un printanier symbole.
     Le public du P’tit Bar a découvert ce trio avec curiosité. Thibault, comme son nom le laisse supposer, est un jeune loup animé d’une faim qui le projette en avant de scène. Vendredi et samedi, ses amis l’ont accompagné. Tous deux sont sans aucun doute talentueux. Mais leurs jeux, l’accumulation de décibels pour le batteur, une indifférence peu participative pour le contrebassiste, n’ont pas permis au chanteur d’imposer la délicatesse de ses textes et l’harmonie de ses notes. Lors de ces prestations, le public aurait aimé pouvoir applaudir quelques morceaux en soliste de cet artiste prometteur afin de le mettre davantage dans la lumière des projecteurs.

Raymond Ménard