Une Saint-Patrick précoce menée au galop par Lost Spoon
Le mois de mars qui prépare en secret le printemps, comme l’écrivait autrefois le poète Théophile Gauthier, avait pris de l’avance ce samedi 9 mars dernier en accueillant, au P’tit Bar de la mairie de Saint-Ouen d’Attez, Lost Spoon.
Cette « cuillère perdue », composée par un duo cultivant la bonne humeur et un talent confirmé, créa l’ambiance chaude de l’Irlande dès le premier morceau. Souhaitant précocement une joyeuse fête à l’irremplaçable maître des lieux Patrick Brault, Benoît Volant au violon et son compère Camille Philippe à la guitare et à la mandoline ouvrirent la soirée au galop. Un rythme échevelé évadé des espaces nostalgiques de l’IIe Verte dont les sources musicales s’inspirent de la solitude et de la chaleur des sessions riches d’amitié.
Une barbe vorace qui lui dévore le bas du visage, Camille, à la stature d’un rugbyman, apporte tant d’enthousiasme débridé qu’il finira par casser une corde de son instrument. Benoît, à la barbe plus disciplinée, tel un Cow-Boy absorbé par l’immense étendue de son domaine et son isolement, fouette de ses doigts agiles son violon lui imprimant un galop rythmé obéissant à sa dextérité et à sa virtuosité.
Les reels se succèdent, polkas et rocks défilent à un pas cadencé, et le public, emporté par la vie et l’enthousiasme des musiciens, salue par des applaudissements nourris.
Entre deux anecdotes, Camille conte et commente la création de leur duo, glisse un souvenir, confie une aventure riche de vie saupoudrant d’un sourire ces tranches imprégnées de bonne humeur et du bonheur de vivre. Les noms perdus et retrouvés des auteurs de ces chants parfois tristes, souvent emportés par le vent, révèlent les qualités des talents et de l’amitié : Eileen O’Briens, Billy Mac Cormack, Montebello, Bud Harper’s, Liz Doherty.
Et la « cuillère perdue » a quand même bien remué de façon savoureuse la mémoire musicale à la saveur irlandaise.
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