Saint-Ouen d’Attez
Au P’tit Bar
Les femmes prennent les commandes avec talent.
Dans le cadre du XIV° Festival de Chants d’Elles, le P’tit
Bar de Saint-Ouen d’Attez accueillait, vendredi 22 et samedi 23 novembre, pour
deux soirées partagées, deux très jolies voix de la chanson : une blonde aux
tonalités fraîches et claires, et une brune modulant avec aisance et talent les
voies sillonnant la forêt du jazz.
Au final, un accord parfait, et au total, deux soirées
réussies.
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Eskelina, l’étudiante modèle venue du Nord
De longues mèches blondes drapant un visage sur lequel le
temps ne semble pas avoir de prise, Eskelina Svanstein s’appuie sur sa
silhouette d’éternelle lycéenne et le ciselé d’une voix agile. Ce faisant, elle
offre au public avec fraîcheur et candeur une série de textes taillés sur
mesure par Florent Vintrigner (la Rue Kétanou) et la musique suffisamment
légère et intimiste signée Christophe Bastien (Debout sur le zinc). Cette jeune Suédoise, qui chante
en français, joue sur une diction irréprochable et s’applique à ne garder que
son prénom pour se faire un nom.
Avec un mélange de petite fille bien élevée et d’innocente
provocatrice, elle aborde les divers incidents de la vie avec sourire et
dynamisme sans rien perdre de son rayonnement printanier. Accompagnée par le
soutien de Nolwen à la contrebasse, elle enjambe les inévitables sables mouvants
de l’existence pour rejoindre la chaleur du lit d’Emilie, pour rejoindre aussi
la marche normale de son éveil en revenant à la maison. Et le duo, à l’issue
d’une remarquable et sympathique offrande de chansons de qualité a su laisser
au cœur le souvenir d’un tour de chants prometteur et de grande qualité.
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Maxime Plisson,
globe trotter dompteur de la voix
Longue robe fourreau de velours ébène, chevelure brune avec
chignon sage et frange frontale encadrant un visage où luit le regard de deux
perles noires, Maxime Plisson a séduit, d’entrée de scène, l’assistance. Tel un
dompteur, elle est à peine sous les feux des sunlights qu’elle échange des
petites phrases banales avec auditoire et partenaires, installant sa
domination.
Christophe Limousin à la guitare, et Guillaume Souriau à la
contrebasse savent alors avec talent lui servir de faire-valoir. Et la belle
longiligne au prénom de garçon, très rapidement, domine et apprivoise son
public qui, conquis, s’abandonne aux méandres de sa voix aux couleurs
internationales. Et le trio In Colors nage alors avec aisance dans les musiques
métissées.
De l’Amérique du Nord à celle du Sud, cette fille de
Poitiers à la silhouette évoquant Barbara a promené sa voix de funambule de la
chanson à travers le monde apportant sa propre touche aux standards du jazz.
Elle a même offert une œuvre personnelle, rendant hommage aux Anges de la nuit,
que n’aurait pas reniée le regretté Claude Nougaro.
Cette chanteuse attitrée du Moulin Rouge, habituée des
grandes salles, fut ravie de la chaude ambiance du P’tit Bar. A l’issue de la
première soirée, Maxime a même avoué être jalouse de cette chance rare de
posséder un tel lieu culturel au milieu de la province normande et félicita les
deux animateurs du lieu : Patrick et Manu sans oublier leur fidèle équipe de
bénévoles.