Le billet de Raymond - La Green Box

Au P’tit Bar

Quand La Green Box resssuscite Victor Hugo

     Quand Victor Hugo, ce magistral maître à penser méditait sur son rocher d’exil Anglo-Normand en domptant ses mots et ses pensées, pouvait-il concevoir qu’un siècle et demi plus tard un interprète du voyage habillerait ses vers d’une musique répondant à sa prévoyance du futur ? Nul ne pourra le confirmer. Mais en ce vendredi soir 13 octobre, le public assidu de ce lieu béni qu’est le P’tit Bar a savouré la prestation de Florent Vintrigner, membre du groupe « La Rue Ketanou » et de ses compagnons de route Benoît Laur aux percussions et autres instruments de voyage, et Arnaud Viala à la réalisation sonore.

     Lorsque en 1869, dix-neuf ans plus tard après son exil, Victor Hugo reprit sa plume pour fustiger à nouveau les riches et les puissants, il écrivit un roman intitulé « L’Homme qui rit ». Dans ce livre, il contait l’histoire de chanteurs de grands chemins communément appelés les saltimbanques et d’un théâtre ambulant « The Green Box », (boîte verte en français). Florent Vintrigner, séduit par cette rencontre, partit à la recherche des rythmes rocailleux de la chanson folk made in USA, des sons aux couleurs nostalgiques et parfois déroutants, et mit en musique les poèmes du grand Victor allant toujours de l’avant comme son nom l’indique et plutôt deux fois qu’une.
     Le trio n’oublia pas non plus de redécouvrir quelques uns des plus beaux textes du père douloureusement frappé par la noyade accidentelle de sa fille chérie Léopoldine, ou du grand-père touché par sa petite fille Jeanne mise au pain sec pour avoir désobéi. Mais ce trio d’artistes ne négligea pas non plus les aspirations profondes de l’immense écrivain qui ne contesta jamais nos origines animales.
     Des mystères de l’Asie aux découvertes du Nouveau-Monde par les chemins tortueux, il traça la route qui permit quelques décennies plus tard à Florent Vintrigner et ses amis de faire se rejoindre le père des Misérables et Georges Brassens via « Le Gorille ».
     Tirées des Orientales, des Châtiments ou de l’Art d’être grand-père, apparaissent en filigrane les idées maîtresses de l’inoubliable écrivain : la liberté des individus, l’égalité des êtres ainsi que ses inquiétudes reposant sur le doute et son besoin d’empathie entre toutes les créatures.
     Et une façon intelligente et sensible pour ces artistes de réssuciter le galop meurtri du Père Hugo.

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